• MOI D'ABORD !

     

     

    MOI D'ABORD !

     

     

     

     

     

    J'ai toujours fait de mon mieux pour être bonne fille, bonne élève, bonne

    épouse, bonne mère, bonne copine...

    Ce qui faisait beaucoup pour une seule femme...

     

    Aujourd'hui, je suis bonne pour moi-même !

    ~~~~~~

     

    Femmes libérées, on nous appelait ainsi et c'était vrai.

    Nous étions fières de nous être battues pour notre carrière, nos droits,

    notre corps...Et d'avoir gagné.

    A un colossal détail près : nous avons moins bien géré notre petit monde que

    le vaste monde.

    Nous nous comportions dans notre vie privée comme dans notre vie sociale,

    en bons petits soldats.

    Nous voulions tout, nous devions prouver que nous en étions capables,

    et pour cela viser la perfection,

    être à la fois actives, souriantes et...disponibles !

    C'est ainsi que nous avons laissé s'instaurer de funestes habitudes,

    et que parfois, nous nous retrouvons

    dans la position de la gamine qui a piqué dans le pot de confiture,

    alors que nos grands-mères arrivaient à imposer leur loi à toute

    la famille jusqu'à un âge avancé.

    Et nous, en passe de le devenir à notre tour, mais toujours jeunes,

    dynamiques et rigolotes, sommes devenues la tranche de jambon du sandwich.

    Nous sommes priées d'écouter les remarques de notre mère,

    qui ne s'en prive pas : "Te recaser à ton âge, tu plaisantes ?", et celles de

    nos grands enfants -parfois parents- qui se sentent le droit de critiquer

     notre genre de vie : "Quoi tu pars à l'étranger sans

    prévenir ?". Les inspecteurs des travaux finis sont au sommet de leur forme !

     

    Alors je me pose la question : quand aurons-nous la paix ?

     

     J'ai ainsi contribué au bonheur d'innombrables individus qui tapaient du pied

    pour exiger mon attention et mon affection.

    Comme nous avions une excellente éducation, il était hors de question

    d'être égoïstes, nous perdîmes donc un temps précieux

    avec des foules de raseurs.

    Il fallait que ça s'arrête. Quand on n'arrose pas le ficus, il crève.

     

    Si nous négligeons nos besoins, nos envies, nos désirs, nos

    pulsions, nous nous étiolons, notre énergie et

    notre santé en pâtissent.

     

    Manquant d'habitude, j'ai eu du mal au début, mais mon état s'améliore.

    J’ai cessé de vivre par et pour les autres, d'écouter les desiderata,

    suggestions et commentaires de tout le monde. Je me consacre à la

    culture d'un bien-être mérité, qui doit devenir permanent et qui

    ne pourra que rejaillir sur mon entourage.

    Prenons un exemple. Dimanche prochain, jour sacré, jour de grasse matinée,

    personne ne me fera prendre une voiture ou un train pour aller déjeuner

    loin de chez moi. Un brunch avec un homme, un thé avec une copine, dans le

    quartier, peut-être... et puis ensuite dessiner, lire, écrire, buller, rêver,

    fantasmer, jouer avec le chat, faire un cheese-cake,

    ranger mes produits de beauté...

    Ce qui est la moindre des revanches pour tous les dimanches calamiteux que

    j'ai vécus dans ma vie antérieure.

    Ces dimanches où il fallait se lever en catastrophe, alors qu'on rentrait à

    peine d'une fête, pour aller déjeuner à la campagne chez Tonton Georges

    ou Cousine Gabrielle, avec armes, bagages et enfants en bas âge.

    Repas qui duraient des heures, champagne au dessert, retour dans les

    embouteillages. Lundi garanti 100 % vaseux...

     

    Avais-je le droit de refuser et de faire de la peine à mes amis, à mes

    relations et celles de mon conjoint, à mon arbre généalogique arrières-

    grands-oncles inclus ?

    OUI, mais je l'ignorais.

     

    J'avais été mise sur terre pour faire plaisir, ne pas froisser, ne pas "faire

    d'histoires". Pourtant, si j'avais refusé, ils n'auraient pas lancé de missiles

    antichar sur ma petite auto, ils auraient boudé, se

    seraient fâchés, auraient propagé des cruautés sur mon compte.

    ET ALORS ?? Je n'avais pas grand chose à perdre !!!

    Droite dans mes bottes, je me suis censurée pour avoir la paix.

    Je n'étais pas moi-même.

    Et à moi, qui me faisait plaisir ?

    Ce n'était pas au programme.

    J’étais là pour faire de "mon mieux", ce

    credo du CM1 qui a gâché la vie des baby-boomeuses.

    J’étais la cheville ouvrière de mon entourage.

    L'affirmation parait présomptueuse, la réalité n'avait rien

    de glorieux, il s'agissait en général de tâches barbantes.

     

    Comme les copines j'ai tout assumé pendant quarante ans...

     

    Travail, famille, maison, écoles, vie sociale et associative, gestion des états

    d’âme et des conflits des autres, courses, vacances,

    sans qu’il me soit rendu à la mesure de mes investissements.

     

    Pourquoi fait-on tout ça ?

     

     Manque d’estime de soi, sens hypertrophié du devoir, masochisme ?

    Quel crime avais-je donc commis pour expier la semaine et le dimanche ? 

     

    Un jour j’ai décidé de ne plus supporter.

    J’ai tiré le rideau de fer et suis allée ouvrir les portes de mon jardin secret.

    Je ne me disperse plus, je sélectionne. On ne me volera plus ma vie !!!

    Maintenant que les enfants nagent sans bouée, le plus dur – le plus amusant

    aussi – est derrière moi.

     

    Le temps qui me reste est compté, mon énergie non renouvelable,

    je les garde pour ceux que j’aime, à condition qu’ils n’en abusent

    pas et se conduisent en adultes qui ne cherchent plus une maman.

     

    Le reste sera pour moi et j’en ferai un excellent usage en réalisant

    mes vieux rêves : apprendre le russe et l’aquarelle, écrire mon

    autobiographie, et partir sur les chemins de Compostelle.

     

    Je ne suis plus là, je suis au ciné, avec une copine…

    Les amateurs de débats politiques à la télé peuvent s’y coller,

    je regarde « Thalassa » sur mon écran privatif.

    Je traîne dans mon bain, m’occupe de la beauté de mes genoux,

    mes ongles de pieds n’ont jamais été aussi éblouissants.

    Je me couche quand j’ai sommeil.

    Mes promenades méditatives n’ont jamais été aussi

    longues et fructueuses. Si on me quitte je prendrai des amants. !!!

     

    Je retrouve peu à peu ma vie de jeune fille, sans pressions,

    sans obligations, et ceux qui essaieront de s’y opposer ne

    recevront pour toute réponse que mon sourire implacable.

    Je m’efforce de devenir chaque jour un peu plus ce que

    j’ai toujours prétendu être : une femme libre !

     

    Honnêtement, vous voulez que je vous dise ?

    Je n’ai rien perdu bien au contraire : mon entourage me respecte davantage,

    j’ai gardé tout mes vrais amis, et je surprends mes enfants à se conduire

    exactement comme moi avec leur entourage et leurs propres enfants…

     

    Il y a urgence à redéfinir ses vraies valeurs dans la vie, avant que

    de devenir vieux, bêtes et aigris.

     

    Courage mes sœurs et, que pour vous aussi, 

    ce soit "MOI D'ABORD" !!!

     

     

     

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