• POURQUOI SE LEVER PLUS TÔT N'EST PAS UNE BONNE IDEE

     

     

    POURQUOI SE LEVER PLUS TÔT N'EST PAS UNE BONNE IDEE
     

     

     La tendance est au réveil très matinal pour rentabiliser son temps.

    Une mode qui fait de plus en plus d'adeptes, notamment dans les grandes villes.

    Mais ce « matin miracle » à l'américaine s'accorde en fait très mal avec notre

    rythme naturel, lié à celui du soleil.

    Pour cause : en été, en France, nous accusons déjà deux heures

    d'avance sur l'heure solaire ! 

     

    Se lever plus tôt que d’habitude pour vaquer à des occupations négligées ?

     

    C’est la grande mode du moment, sur fond d'injonctions à changer de vie.

     

    L’idée a été lancée en France en 2015 grâce à la diffusion sur internet du résumé

     

    en français du best-seller de l’Américain Hal Eldrod, The Miracle Morning (2012).

     

    Ce trentenaire devenu coach de vie défend que le loisir et la détente que l’on

    s’accorde le matin bien avant de commencer sa journée professionnelle

    - à travers des activités comme la méditation, le sport, la tenue d’un journal ou

    encore la pratique de la visualisation positive -,

    permettent d’entamer celle-ci de manière plus sereine.

    Heure de réveil recommandée pour réaliser ces activités à haut

    rendement individuel : 5h30.

     

    On se lève déjà deux heures plus tôt !

    Alors pourquoi pas, mais il y a tout de même une chose qu’il faut savoir :

    c’est que lorsqu’il est 5h30 à notre montre, il est en réalité 3h30 environ,

    soit deux heures de moins. Si nous sommes en été.

    En hiver, il n’est « que » 4h30. Pour être plus justes, on devrait dire en

    « période heure d’été » et en « période heure d’hiver ».

    Car c’est là le problème qui nous occupe : l’heure à laquelle nous vivons,

    l’heure « légale », n’est pas l’heure du soleil.

    Pour en arriver là, il a fallu l’intervention du législateur, mais aussi d’autres

    petits ajustements historiques : harmonisation au « temps moyen »

    du temps solaire, par nature irrégulier, puis temps universel.

     

    Du temps solaire au temps légal

    L’heure légale française, décrétée en 1978, en été, nous décale précisément

    de deux heures par rapport au temps universel, qui est lui-même un

    ajustement moderne, à quelques minutes près, du temps solaire.

     

    Le temps universel homogénéise l’heure par fuseaux horaires (UTC)

    pour des raisons d’organisation. Cette harmonisation géographique

    s’est construite progressivement du XVIe au XXe siècle.

    Elle passe sur les quelques minutes qui séparent les heures locales au sein

    d’un même fuseau horaire : avant 1891, l’horloge du palais ducal de Nancy

    n’indiquait pas la même heure que la tour de l’Horloge de Dinan.

    Les villes françaises vivaient à l'heure solaire.

    L’essor des chemins de fer et la nécessité d’harmoniser les horaires des trains

    sur le territoire national ont imposé par la suite de mettre

    toutes les horloges à l’heure de Paris.

     

    Un effort de guerre

    Mais cet artifice n’est rien à côté des quelque 120 minutes de décalage horaire

    que nous font subir les impératifs économiques qui ont présidé au premier

    établissement de ce décalage artificiel, sous l’Occupation (avant, la France avait son

    heure d’été, mais décalée d’une heure seulement et ce depuis 1916).

    Toutes ces mesures, mises ensemble, créent un décalage variant, en été,

    d'une heure et demi à deux heures par rapport au temps solaire,

    et en hiver, variant d’une demi-heure à une heure, ce qui semble moins difficile

    à supporter pour une majorité de personnes.

     

    Les personnes du soir souffrent plus du décalage estival

    En pratique, le 26 mars 2016, le soleil était au zénith à 12h56,

    ce qui signifie que nous avancions de 56 minutes par rapport à l'heure solaire.

    Le lendemain, une fois passés à l’heure d’été, le soleil était à son zénith à 13h56.

    Hop ! Une heure de décalage supplémentaire.

    Du 27 mars au 17 septembre 2016, en fonction des différents ajustements

    astronomiques, ce décalage varie de 1h44 à 1h56 selon les jours.

    Bref, difficile à encaisser pour nos organismes, alors aggraver cet écart

    en se levant encore plus tôt que plus tôt… non merci.

     

    Les personnes qui souffrent le plus du déphasage estival sont les enfants,

    les personnes âgées, les personnes dont la vie est réglée comme du papier à musique et…

    celles qui sont déjà du soir !

    Des tempéraments vespéraux qui s’inquiètent souvent de leur manque d’énergie

    le matin et désespèrent d’être fatigués au moment indiqué pour se coucher...

    Forcément : le 25 mai 2016, lorsqu’il était officiellement 23h00, il n’était en réalité

    que 21h12. Un peu tôt pour mettre la viande dans le torchon.

     

    Des économies d’énergie contestées

    Côté environnement, le prisme « vert » des économies d’énergie, les avis

    diffèrent quant à l’impact réel de ces deux heures remises en place sous la présidence

    de Valéry Giscard d’Estaing. L’Adème reste favorable à la mesure tandis que

    certaines associations y sont opposées pour des raisons de santé publique,

    d’autres enfin souhaitant, pour faire bonne mesure, ne retirer qu’une heure

    d’ensoleillement artificiel sur les deux que la France et l’Espagne s’offrent en été.

    Un record : la majorité des autres pays européens n’avancent raisonnablement

    que d’une heure pendant la période estivale.

     

    Plus matinaux que les poules ?

    Se lever non pas avec les poules, mais avant elles, n’est donc pas une bonne idée,

    à moins que vous soyez vraiment matinal de nature.

    Alors, que faire pour profiter malgré tout de nos matinées et nous offrir ces

    moments de détente recherchés ?

    Comment, d'abord, renouer avec le rythme du soleil ? 

    Les personnes les plus sensibles au décalage dû à l'heure légale éviteront à

    tout prix de se lever trop tôt, notamment en automne, lorsque les jours

    commencent à raccourcir.

    Au contraire, si vous êtes du soir (un test à faire pour le savoir), faites plutôt

    une bonne « fausse grasse mat'» : levez-vous peu après le soleil, mais pas avant lui.

     

    En été, le soleil se lève malgré tout bien plus tôt qu'en hiver, même si ce n’est

    pas à l’heure qu’indiquent nos montres. Exemple pour le 7 août 2016 : le « midi vrai » 

    (soleil au zénith) a lieu à 13h55. À 5h30, il sera donc « en vrai » 3h35.

    Mais ce jour-là, le soleil est de toute façon très matinal : son lever est annoncé ( !)

    à 6h32, les adeptes du Miracle morning peuvent donc raisonnablement régler

    leur réveil à cette heure-là (il sera « en vrai » 4h37).

     

    Déjeuner à l’espagnole

    L’idée étant d’essayer de vivre au rythme du soleil, ou le moins en décalage

    possible, essayez d’adapter vos horaires de travail : si votre employeur vous

    l’autorise, adoptez les horaires des grandes villes, où les journées de

    travail commencent généralement plus tard.

    Si vous franchissez la porte de votre entreprise à 9h00, entre mars et juillet,

    il est en réalité autour de 7h00 du matin. Pas si mal pour commencer une dure

    journée de labeur. Si votre travail nécessite de vous lever aux aurores

    (agriculteurs, infirmières, personnel de garde…), vous ne cherchez

    certainement pas à vous lever plus tôt, et tant mieux.

    En revanche, pour tout le monde, on peut décaler un peu son heure de déjeuner,

    vers 14h00. Déjeuner à 15h00, même, ne serait pas une idée loufoque. 

     

    Réglez votre montre à la vraie heure

    Pour prendre conscience de l’heure réelle, même si l’on ne peut pas s’y adapter

    à tous les moments de la journée, notamment au travail,

    réglez votre montre à « l’heure vraie ».

    Cela vous aidera au moins à cesser de culpabiliser lorsque

    vous vous sentez en décalage.

    Certaines applications indiquent l’heure du soleil avec précision chaque jour

    (Sun Surveyor, gratuite). Pour la calculer, il faut que les données comprennent

    l’heure du zénith, le « midi vrai ». C’est le repère à prendre pour régler sa montre

    à l’heure solaire, qui varie comme on l’a dit de quelques minutes chaque jour.

    Ce type d'applications, souvent destinées aux photographes à la recherche

    des beaux reflets de l’heure bleue, permet en outre de connaître

    l’heure de lever et de coucher de l’astre, ce qui ne sera pas inutile

    pour savoir quand vous coucher en hiver et en été.

     

    Matin miracle version express

    Que faire maintenant pour s’offrir ces moments de détente et d’introspection

    qui favorisent notre bien-être et notre concentration ?

    L’idée est bonne en soi.

    Simplement, essayez de déplacer un maximum de ces activités personnelles

    au soir, notamment ce qui ne sert pas directement à optimiser la journée qui va suivre.

    On peut réduire certaines activités à des temps plus courts le matin,

    l’idée essentielle étant de dérouler ce petit enchaînement de moments dédiés à soi 

    et de trouver son rythme : le sport peut être réduit à quelques mouvements de « dérouillage »

    et faire l’objet d’une séance plus longue en fin d’après-midi.

    Méditation et prière ont des effets positifs davantage liés à la régularité et à la qualité 

    qu’au temps passé. Enfin, le soir, si vous vivez à l’heure solaire, vous avez logiquement

    plus de temps pour vaquer aux autres occupations : formation, lecture, to-do-lists...

     

    Le matin, contentez-vous d'un récapitulatif rapide des actions à mener dans

    la journée, déterminez un objectif, captez une citation qui vous donnera du courage…

    Comme l’explique le Dr Sylvie Royant-Parola, spécialiste du sommeil, au site Metronews,

    « prendre le temps de se réveiller est une bonne chose quelle que soit l’heure du lever ».

     

    Le temps vrai au pays des horlogers

    Du matin au soir, adaptez votre vie au rythme du soleil et cessez de regarder

    trop votre montre légale. Grâce à une montre réglée à l'heure naturelle, on peut

    au moins prendre conscience de la réalité, ce qui est une libération en soi

    pour le psychiatre suisse Olivier Spinnler  :

    « Quand je discute d’insomnie avec mes patients, (...) si quelqu’un se plaint

    de ne pas pouvoir s’endormir avant 1 heure du matin et d’avoir de la peine

    à se lever avant 8 heures et demie, (...) en heure solaire, au printemps,

    cela donne : "Je n’arrive pas à m’endormir avant 23 heures 30 et j’ai de la

    peine à me réveiller avant 7 heures."

    Vous serez d’accord avec moi que ce n’est pas vraiment anormal ! »  

     

    Selon ce médecin, l'inconfort dû à l'heure artificielle se ressent de plus en plus

    à mesure que l'on avance en âge.

    Régler une deuxième montre au « vrai » temps est la première des solutions

    pour lui, ce qui n'est pas un luxe au pays de l'horlogerie.

     

    « En ce qui me concerne, la différence est spectaculaire sur mon vécu de la

    journée. Cela a clairement éliminé une "tension interne" dont j’ai fini par comprendre

    qu’elle était liée à cette distorsion entre le temps vécu et le temps subi ».

     

    Cette deuxième montre sera utile à la plage pour éviter de s'exposer aux mauvaises

    heures : entre midi et 16 heures. Vraies.

     

    Maintenant, vous saurez quoi répondre si on vous dit que

    vous cherchez midi à quatorze heures !

     

    POURQUOI SE LEVER PLUS TÔT N'EST PAS UNE BONNE IDEE

     

     

     

     

     

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